Je me suis longtemps demandé à quoi ressemblerait mon départ de 24 Heures et de la Tribune de Genève. Aujourd'hui, je le sais. Il se déroule ce 31 août dans la moiteur new-yorkaise, cette ville que j’adore pour m’avoir adopté, donné une famille et élargi mes horizons professionnels en me permettant de me reconvertir dans le film documentaire.
Ce départ vient clore une belle histoire de 22 ans au sein des rédactions de deux quotidiens auxquels je n’ai cessé de m’identifier depuis qu’ils m’ont donné ma chance le 1er août 1999. Je me souviens encore de ma fierté le jour où j’ai été engagé par Gian Pozzy pour rejoindre la rubrique internationale de 24 Heures alors que j’étais encore à la fac. Sans oublier l’excitation en 2002 lorsque j’ai été nommé correspondant aux Etats-Unis pour la Tribune de Genève et 24 Heures par Pierre Ruetschi et Jacques Poget.
Ces deux sentiments m'ont animé jusqu'à aujourd'hui et ont été renforcés au contact de journalistes hors pair avec lesquels j'ai eu la chance de travailler, à commencer par Reto Breiter, Philippe Dumartheray, Nicolas Verdan, Jean Gaud, Jean-François Verdonnet, Jean-Marc Corset, Jean-Philippe Jutzi, Bernard Bridel et Nicolas Willemin qui m'ont accueilli dans les quotidiens à l'époque. Mais il y en a bien d'autres qui se reconnaîtront dans cette expression de gratitude.
Depuis 2002, j’ai eu la chance d’écouter battre le “coeur brutal et aveugle” de cette Amérique qu’a raconté - et raconte toujours - avec tant de talent et d’éloquence Jean-Paul Dubois, le journaliste et auteur que je n’ai cessé d’émuler. A mon arrivée à New York en 2002, j’avais d'ailleurs dans mes bagages “Jusque-là, tout allait bien en Amérique”, un recueil qu’avait écrit Jean-Paul Dubois pendant sa correspondance aux Etats-Unis pour Le Nouvel Observateur. J’ai tellement lu et adoré ce livre que m’avait offert mes parents, qu’il a fini par ses désintégrer. Les pages se sont mises à voler et tomber, mais le livre est toujours là. Et quand je l’ai pris ce matin pour le photographier et écrire ce message, j’ai réalisé qu’il m'était dédicacé par Dubois en ces termes: “Cher Jean-Cosme, je vous souhaite de la chance, du courage et une belle vie new-yorkaise”.
Il m'a fallu du courage pour dompter cette ville depuis 2002, mais ma vie new-yorkaise est belle car j’ai de la chance de pouvoir exercer le métier qui me passionne. Après 22 ans à 24 Heures et à la Tribune de Genève, j’ai conclu qu’il était temps pour moi de tourner la page et de vivre cette passion ailleurs en m’engageant sur une autre voie qui m’a notamment mené en juin sur la scène du Festival de Tribeca avec mon nouveau film HARLEY.
J’ai la chance de ne pas partir seul. Les milliers de personnes que j’ai pu rencontrer à travers le monde et d’interviewer au cours de ma carrière, m’accompagnent et me portent vers ces nouveaux horizons. Pour mon dernier article pour 24 Heures et la Tribune de Genève, j’ai retrouvé le journaliste le plus courageux que j’ai rencontré au cours de ma carrière. Son nom: Roberto Guerra Perez. Après des séjours dans les prisons cubaines, Roberto a dû se résoudre à fuir son pays pour les Etats-Unis. Dans l’incapacité de pouvoir poursuivre son activité de journaliste, il s’est réinventé en pépiniériste.
Roberto et tant d’autres comme lui ont donné aux lecteurs de 24 Heures et de la Tribune de Genève une fenêtre sur le monde qui les entoure. Et ils m’ont fait grandir tant au niveau journalistique que personnel. C’est aussi grâce à eux que j’ai pu avoir le courage de faire ce saut dans l'inconnu pour continuer à créer. A tous ceux d’entre vous qui ont lu ce message jusqu’au bout et qui sont intéressés à collaborer avec moi, sachez que je suis constamment à la recherche de nouveaux défis et de nouvelles collaborations en marge de mes films. N’hésitez donc pas à me contacter.
Je vous laisse avec quelques photos marquantes de ma carrière à 24 Heures et la Tribune de Genève. Have a good day y’all.